Viola Montenot, Slovaquie-France

Véronique Cloître

Viola Montenot est peintre et sculptrice. Ses œuvres, exposées en Europe, nous parlent du temps et de l’éphémère, de l’absurde, des migrations et de l’exil. Slovaque, Viola a fui son pays en 1969 et vit en France, sa terre d’accueil, depuis 1970. Lorsque je rencontre Viola, elle expose quelques-unes de ses œuvres remarquables et des peintures des femmes de la prison de Dijon, où elle anime chaque semaine un atelier intitulé Art et Fraternité.

« J’ai été privée de liberté et ai souffert de l’exil. L’univers carcéral m’a mobilisée. J’ai accepté d’y animer des ateliers car je souhaitais découvrir cette autre monde. Quand on y pénètre, on franchit neuf portes. Un chiffre symbolique. On entre dans un lieu hors du temps, confiné, sans lien avec la vie, avec de la souffrance et de la violence. Il y règne une atmosphère angoissante, mais je n’ai pas été déstabilisée, ni troublée. Je sens que je procure à ces femmes un peu de bien-être. Je représente leur lien avec l’extérieur, en quelque sorte. Et lorsque leurs œuvres sont exposées au-dehors, c’est une partie d’elles-mêmes qui est libre. De mon côté, je leur dois beaucoup, car ce sont leur situation dramatique et souvent tragique qui m’ont enseignée la valeur de la vie et de la liberté. »

Parmi ces femmes, certaines se montrent très solidaires envers les novices ou les plus faibles moralement, car l’univers carcéral peut être cruel. « Lorsqu’elles sont seules avec moi, elles me parlent de leur féminité car oui, on peut être femme en prison. Ce qui m’a marquée, ce sont leurs vêtements de jogging blanc immaculé lorsqu’elles viennent au cours de peinture. Elles prennent soin d’elles. Celles qui sont mères déposent leurs enfants en nurserie durant la journée, et le soir, elles se dépêchent de les cacher dans leur cellule afin de les protéger, car elles ont peur de la violence des autres. J’ai aussi connu des détenues qui venaient simplement me rencontrer pour parler russe. »

« J’étais enseignante en art plastique lorsque les chars russes ont envahi mon pays. J’ai dû fuir, condamnée par les autorités et poursuivie par un KGB local digne d’un film de James Bond. Après la chute du mur de Berlin, le directeur d’une galerie prestigieuse de Bratislava a vu mes travaux et m’a invitée : la paria est retournée dans son pays d’origine par la grande porte, avec mon nom sur une banderole ! Le mot migration a désormais une résonance particulière pour moi. Mes différents voyages, mes diverses demeures me rappellent qu’aucune chose n’est figée, n’est acquise… »

« J’ai eu la chance de connaître des personnes exceptionnelles et, parmi elles, il y avait des femmes. Elles ont été les premières à me tendre la main et à me montrer le chemin vers la liberté de l’esprit. Liberté ! Ce mot était proscrit dans mon pays… »

Oeuvres des détenues de la maison d’arrêt de Dijon en France

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