La colère qui guérit

Camille Sfez

Tout semble toujours merveilleux dans un cercle de femmes, mais y a-t-il de la place pour des jugements, voire de la colère ? Pourquoi ce lieu sécurisé permet-il de les transcender, et d’en repartir non pas confortées dans nos différences, mais au contraire grandies ?

La bienveillance est une règle implicite dans la tente rouge, et j’invite toujours les femmes à porter leur attention sur ce qui brille chez les autres. Si nous portons des jugements à leur égard, nous sentons la plupart du temps que dans cet espace particulier, nous pouvons les contenir et ne pas laisser ces opinions nous couper les unes des autres.

Pourtant, de temps à autre, des jugements persistent. Ils nous invitent alors à nous pencher sur nos besoins et nos blessures. Lorsqu’une femme arrive toujours à la dernière minute et dérange le groupe, par exemple, qu’est-ce que cela éveille en moi ? Si je réagis, c’est que quelque chose doit être reconnu. Cette situation peut me rappeler le fait qu’un de mes parents était toujours en retard quand il venait me chercher, ou alors me donner l’impression de ne pas être respectée. Pouvoir le dire à l’autre et au groupe permet de révéler encore davantage celle que je suis profondément.

Dans la tente rouge, c’est la confiance et la sécurité qui permettent aux femmes de dire ce que le comportement d’une autre suscite chez elles, comme un effet miroir. Par conséquent, elles ne demandent plus aux autres d’être parfaites. Elles sentent qu’elles peuvent répondre à leurs propres besoins, se montrer vulnérables et fortes à la fois, et ainsi suivre le véritable chemin de guérison.

Lorsque j’entre dans un cercle, non pas en y projetant mon désir de paradis perdu, mais bien en femme debout, je peux devenir une guérisseuse guérie.

De tout coeur,

Camille Sfez
Créatrice de la Tente Rouge de Paris


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