Ekanga Shana Shungu, France-Congo

Véronique Cloître

Note aux lectrices et lecteurs : L’auteure de cette rubrique étant actuellement en Birmanie, nous publions un de ses articles antérieurs qui nous propose le portrait de la Congolaise Ekanga Shana Shungu.

Journaliste de formation et organisatrice d’évènements, Ekanga représente un pont entre son Afrique natale et le reste du monde. En créant l’association Onya-Cultures du Monde (onya signifie soleil dans sa langue maternelle), elle souhaite mettre en lumière les femmes du monde et particulièrement les Congolaises, dont le féminin est si malmené aujourd’hui puisque leur corps est devenu la cible des soldats. Elle se bat pour construire un monde multicolore, où la diversité serait respectée afin que chacun puisse vivre dignement. Voilà pourquoi son association favorise les échanges interculturels.

Ekanga se livre puissamment et libère ses souffrances par la parole. « Mon travail intérieur a débuté par un électrochoc. Me voyant perturbée, une amie m’a demandé si je n’étais pas moi-même à l’origine de tous mes soucis. Ma quête intérieure a débuté ainsi. »

Suis-je une femme ? « J’en possède les attributs mais dans mon esprit, je ne suis pas seulement femme, comme je ne suis pas seulement noire. J’adore être une femme, aller chercher cette puissance en moi mais je ne suis pas enfermée dans ma féminité. J’ai d’ailleurs un côté masculin affirmé. Enfant, j’ai été élevée par des religieuses car mon père était diplomate. J’ai découvert le mot solitude et j’ai dû développer ce masculin en moi. Aujourd’hui, je dois apprendre à lâcher prise de mes protections. Ma mère, je l’ai découverte à ma sortie du pensionnat : j’avais 19 ans ! Elle était très sévère. Je ne ris pas avec elle et c’est dommage! Il me manque la douceur car j’aime l’idée de la mère en tant que matrice protectrice. Je suis mère de deux garçons, aujourd’hui de jeunes adultes. J’ai pris grand soin dans leur éducation à leur transmettre l’harmonie, afin qu’ils n’aient pas peur du féminin et qu’ils puissent déployer cette part de féminin en eux. La femme représente le royaume dans lequel chacun vient puiser sa force et se nourrir de ses richesses. »

La sororité ? « Lors de mes voyages, lorsque je travaillais pour le journal Jeune Afrique, j’ai rencontré de nombreuses femmes dans différents milieux, et j’ai ressenti chez chacune d’entre elles cette dimension généreuse et chaleureuse. Entre nous les femmes, il existe une complicité naturelle des origines qui demande à renaître. Les femmes rencontrées m’ont permis de débloquer des situations compliquées, d’ouvrir des portes. »

Le sens de mes prénoms ? Ekanga : celle qui soigne ; Shana : celle qui transmet les messages…

Et ton message Shana ? « Soyez vous-mêmes, authentiques. Ne vous reniez pas dans la vérité de ce que ce mot implique : l’Amour. » 
Plus d’infos: www.onyaculturesdumonde.com

 

Véronique Cloître
janvier 2017
Mieux la connaître


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