Tout en Beauté

Sandra Rabec Sa*Ra

Tout en Beauté

Je me suis invitée à naître, laisser être
l’essence de qui je suis, connaître, naître
avec soi, avec l’autre, n’être que soi, en
toute chose et avec foi.

Je me suis invitée par terre, à poser un pied,
marcher jusqu’au centre, et entrer, à
genoux, ma peau sur la boue, qui
m’accueille et sent bon.

Elle sent l’origine, la racine, là
d’où tout vient et retourne,
magique machine, ventre rond qui
respire et qui porte le subtil qui
me rend si forte au cœur de cette
divine matière.

Là, je suis une note qui
cherche encore sa portée
dans les effluves du souffle
chaud de mes ancêtres qui
respirent en tout dans cet
antre où je viens, où je nais,
où je clame mon désir, mon
amitié pour tout ce qui est,
que je sais être aussi en
moi, que je sais manifester,
car…

Je me suis invitée dans ce ventre,
cette matière, cette obscurité où
tout disparaît des ombres dans le
noir total où je pourrais avoir
peur, paniquer, sortir trop tôt ou
jamais.

Je me suis invitée dans cet état, ces
contractions alternées, ce tunnel, ce passage
où je pousse ou retiens, où je respire pour me
concentrer, amplifier, diminuer, je ne sais
plus, je ne sais rien, ai-je jamais su quoi que
ce soit?

Ma tête tombe.

Lourde, elle se rend, s’abandonne à
la sueur, à la terre qui la porte
volontiers, froide et sans pudeur,
pour ce retour à soi où je me rends,
nue, essoufflée, abandonnée de tout
et de moi dans cette obscurité.

Ma tête lâche, mes cheveux se détachent, mes
seins s’embrassent et mon ventre mène sa vie,
mon cerveau se déconnecte, ma vulve palpite,
mes jambes se rendent là où tout le corps accepte
de se laisser porter, de faire confiance.

Et ma lignée est là, souffle sur les braises,
attise le moment de faire naître, sature l’espace
de ses messages, de ses caresses pour
transmuter tout de moi, tandis que mes cellules
impriment le nouvel être, la nouvelle femme
que je suis et qui respire, respire, respire…

Dans le cœur, laisse la respiration se faire,
rayonner, transmuter tout, les peurs, la
panique, l’angoisse de disparaître, de ne rien
laisser de soi, du passé, auquel encore tout à
l’heure tu t’accrochais.

Dans le cœur, laisse-toi être et
briller dans cette obscurité où
tu vois que tu as toujours été
lumière, lumière, lumière,
Lumière dorée, de tes racines
profondes à tes pieds, traversée
du souffle de la vie, des
générations avant toi et des
années qui viendront, tu n’es
plus que lumière en cet instant
sacré où tu t’es laissée aller à
terre, en elle, dans ce noir et ce
froid qui t’accueille, et ce
brûlant qui te traverse pour
laisser naître.

Éclore.

Et clore le chapitre
d’avant, d’avant ce
passage en toi, ce passage
de toi, d’un état à un autre.

Faire le deuil de tout ça, verser les
larmes, laisser couler l’eau de tes
yeux, rafraîchir ton cœur à ta source
vive, sentir en toi l’issue qui se fait,
le mouvement qui se fait, la transe
qui te porte, et laisser être.

Te laisser naître, connaître, naître
avec toi, avec l’autre. Laisser être
l’essence de qui tu es.

Sentir ta peau au contact du caillou,
de la poussière, de ce rêve réalité
auquel tu t’es invitée pour révéler,
te révéler dans le plus brut appareil,
ta sensualité à fleur de peau.

Sentir ta peau au contact de l’air, du chaud,
du souffle, de la peau de ta sœur qui veille,
de la peau de toutes les femmes de ta famille
qui en prenant soin des choses ont transmis
la caresse, le geste, la douceur et le parfum
qui fait du bien jusqu’à ce moment où toi-
même, chrysalide, tu t’offres Papillon, ce
moment où ton aile soyeuse ose son propre
battement pour être au monde, naître, naître
avec, connaître.

La paume de ma main au sol de ma terre, je
soulève mon corps pour sortir de mon cocon,
mon enveloppe, mon ancienne peau.
Je pousse, et mon corps est lourd.
Il m’attire au sol.

Je rampe et je glisse, je ne force rien, je
laisse faire, je me laisse aller à mon
rythme vers la sortie, la porte, le nouveau
jour, cette lumière qui du dehors m’attire
à elle.

Et le cri de mon être qui naît,
et qui n’est que soi, tout soie,
sort du fond de mon ventre,
de ma matrice, me traverse.

Des profondeurs, le cri vient nettoyer,
raviver, rallumer, vivifier, purifier,
brûler et arroser tout sur son passage,
de mes entrailles à mon âme libérée du
poids de devoir se tenir loin de moi.

En cet instant sacré où le cri surgit, je
suis et j’accueille tout, tout qui je suis.
Je suis née et mes amies sont là, mes sœurs.

Elles sont là. Elles me frottent les
pieds, nettoient mes oreilles et me
bercent.

Je suis née.
Et dans la sororité, cette nouveauté, c’est toute
ma lignée qui s’en trouve réconciliée, et par le
geste et ses bienfaits, dans la sensualité extrême
du passage qui se fait, je suis réveillée, vivante
et heureuse de partager.

Car je suis reliée, à moi-même et à mes sœurs, à
ma famille et la Nature en son entier.

Toute naissance est sacrée.

En silence, je garde dans mon cœur cette expérience encore
bien des journées avant d’ouvrir la bouche à son sujet.

Elle continue d’insuffler en moi sa connaissance,
et avec respect pour ce passage qui s’est fait,
auquel je me suis invitée, je protège sa Beauté.

Chaque jour, en tout, mes yeux
voient cette Beauté respirer et la
gratitude illumine ma Vie.

Sandra Rabec Sa*Ra

Copyright © SA*RA 2017
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