Les sorcières sont de retour

Camille Sfez

Il y a quelques jours, c’était Samhain, la célébration d’origine celte du passage à l’hiver, du retour des morts pour une nuit ou deux sur la terre des vivants. Ce temps où les petites filles se déguisent en sorcières sans prendre la mesure de la figure qu’elles incarnent le temps d’une soirée. Mais ces sorcières sont de plus en plus présentes dans les médias, les réseaux sociaux, les balados, en tout cas en France. Pourquoi un tel engouement pour ce symbole emblématique de liberté et d’insoumission féminine?

Chose passionnante, c’est qu’être traitée de sorcière porte les stigmates d’une sombre époque de l’Histoire, où des milliers de femmes ont été victimes d’oppression pour la seule raison qu’elles étaient sans mari, qu’elles possédaient la connaissance des plantes et celle d’accompagner les naissances. Ou simplement parce qu’elles étaient marginales, originales, différentes, libres.

Or aujourd’hui, ce sont justement pour toutes ces raisons que les femmes reprennent ce titre et endossent l’étiquette de sorcière moderne, accomplissant des rituels de pleine lune et préparant des tisanes de fleurs. Elles se réapproprient un archétype, le sortent de l’ombre pour révéler la lumière qu’il porte. Starhawk, l’écoféministe qui incarne le mieux pour moi cette sorcière contemporaine, nous dit que justement, c’est à l’endroit où elles ont été blessées que les femmes récupèrent leur pouvoir.

Le processus pour nous les femmes n’est pas celui de quitter cette ancienne oppression pour vaincre le patriarcat, mais plutôt d’intégrer, dans notre cœur, cet héritage. Parce qu’à l’endroit de la blessure git aussi la partie de nous qui y a renoncé, par peur ou par colère. Et que lorsque nous remettons cette partie au cœur de notre poitrine, nous sommes à nouveau capables de prendre ce pouvoir en main.

Je vous souhaite un beau passage, chères sorcières!

 

Camille Sfez
Mieux la connaître


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