Effacement

Le plus difficile pour un homme marchant sur le chemin sacré est souvent simplement de savoir s’effacer, se taire. La masculinité est, psychologiquement parlant, une capacité d’affirmation. Les hommes, quand ils approchent leur propre féminité intérieure, tombent fréquemment dans le piège de parler de celle-ci comme s’ils savaient de quoi il est question. C’est une façon de remettre un couvercle de mots et de concepts sur un mystère vivant qui les invite au silence, à l’écoute.

On sait comment les hommes effacent la parole des femmes en la répétant pour la reformuler dans leur langage. C’est ce qu’on appelle le mansplaining, ou quand les hommes expliquent aux femmes ce qu’elles pensent, ce qu’elles sentent – un des ressorts inconscients de la domination masculine qui invisibilise les femmes, les rend inaudibles. On retrouve ce travers aussi chez les hommes conscients, parfois même quand ils se disent féministes. Ces derniers ont souvent aussi du mal à comprendre que les femmes ont besoin de se retrouver entre elles, dans des festivals du féminin dont sont exclus les hommes, dans des cercles de femmes et des tentes rouges. Ils le vivent comme une exclusion alors qu’il s’agit pour les femmes d’explorer leur féminité hors de ce regard masculin qui les définit socialement, de panser les blessures que leur ont infligées les hommes, et par là, de régénérer cette féminité en elles et entre elles.

Les hommes ont donc tout à gagner à se retrouver entre eux pour régénérer leur masculinité, ce qui rendra possible une rencontre ultérieure avec les femmes dans une conscience élargie. Mais auparavant, pour rencontrer la féminité en eux et autour d’eux, ils doivent apprendre à s’effacer et à se taire, à écouter en profondeur. C’est alors, et alors seulement, que la véritable force de la masculinité sacrée se manifestera et permettra l’éclosion de la nouvelle lumière.

Jean Gagliardi
Mieux le connaître