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Dans les Tentes rouges, nous célébrons souvent notre lien à la Déesse. Elle est celle des temps préhistoriques, aux mille visages, Reine de la vie, de la mort et de la résurrection. Naturellement, lorsque les femmes renouent avec leur féminin, et avec une valorisation de leur corps, elles prennent conscience du sensible avec cette force de vie et de mort. Les cycles menstruels, l’accouchement, la ménopause sont autant de passages dans la vie des femmes qui les connectent au pouvoir qu’elles portent.
Le lien à ce divin est sensible, intime, et donc assez éloigné de la transcendance du Dieu des religions monothéistes. La Déesse n’est pas au ciel. « Lorsque je me sens faible, elle m’aide et me protège. Lorsque je me sens forte, elle est le symbole de mon pouvoir. À d’autres moments, je la sens comme une énergie naturelle présente dans mon corps et dans le monde », nous dit Starhawk.
Retrouver la connexion avec la Déesse n’est ni anecdotique ni une recherche utopique d’un âge d’or perdu. C’est une manière de réinventer toute une partie de notre culture dans laquelle les femmes ont été subordonnées au pouvoir masculin pour accéder à un « plus grand » qu’elles-mêmes. En affirmant « j’ai trouvé Dieu en moi et je l’ai aimée », l’écoféministe Ntozake Shange nous parle de la reconnaissance du pouvoir des femmes comme bienfaisant et indépendant. Un pouvoir « du dedans », celui de faire avec et non celui de la domination patriarcale.
Les Tentes rouges se trouvent à cette lisière, entre espace intime et politique, comme d’ailleurs un certain nombre de revendications féministes qui allient des prises de conscience individuelles et l’importance de les porter dans l’espace public. Quand nous pleurons pour les souffrances les unes et les autres, nous créons aussi le tissu qui nous permet de nous sentir puissantes et courageuses lorsque d’autres osent montrer leur force.
Camille Sfez
Mieux la connaître
[1] https://www.cambourakis.com/spip.php?article786
[2] Ibid.