L’homme plume

Sandra Rabec Sa*Ra

Avec sa douceur, il est venu caresser ma vie.
Chargé de rien, léger comme l’air,
droit comme l’oiseau qui s’est élevé,
il contemple tout mon être d’en haut
avant de plonger et d’y déposer
ses souffles-caresses sur ma peau.

Les images me viennent alors en cascades,
dans ce tourbillon ailé, cette divine accolade,
où je peux lâcher tous les fardeaux,
me laissant accompagner par l’oiseau.

Soudain m’apparaît un marais
où j’ai laissé la mémoire d’une vie passée.
De ce marais où je suis esseulée, oubliée et blessée,
un aigle surgit qui me ramène au village le plus près,
où les hommes et le chef totémique reçoivent ma douleur.

Tandis que je vois encore le dos de l’aigle qui m’a guidée
jusqu’à cette douceur de la réconciliation partagée,
je suis dans les bras de l’homme plume qui m’accompagne.
Léger, il m’enveloppe et respire tout près.

Si près que je peux laisser les images s’estomper
et sentir l’apaisement de cette histoire passée,
jusque là quelque part en moi cachée.

L’homme plume est toujours là.
Le regard perçant sous ses paupières closes,
il enveloppe mon corps entier et ses mémoires,
dans ses bras, ses ailes, son cœur qui accompagnent.

Entre invisible et visible, nos danses amoureuses
sont les réconciliations possibles de nos sexes,
de nos sexualités et de nos vies.

L’homme oiseau est reparti.
Ce poème plume, soufflé à son oreille,
l’invite à revenir, en douceur
au creux de chaque femme caressée.

 

Sandra Rabec
Le peuple de l’homme


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