Masculinité spirituelle

Jean Gagliardi

Un préjugé tenace veut que la masculinité soit le fait des seuls hommes, et la féminité, l’apanage des femmes. C’est une façon d’attacher ces qualités d’être à la biologie alors qu’il s’agit essentiellement de modalités de l’énergie créatrice. Il est plus aisé peut-être de les envisager dans les termes chinois du yang et du yin. Il ne viendra alors jamais à l’esprit de quelqu’un de nier la capacité yang d’une femme…

On croit volontiers que de telles idées sont exclusivement modernes. Jung serait le premier à avoir commencé à distinguer le genre de la sexualité en élaborant ses concepts d’anima, le féminin de l’homme, et d’animus, le masculin de la femme. Cependant, il apparaît que de nombreux textes anciens développent l’idée d’une masculinité spirituelle qui consiste en une verticalisation de l’être. Il s’agit de « se tenir debout » et d’ainsi atteindre au ciel spirituel, connecter le bas et le haut, la terre et l’esprit.

Ainsi, dans un évangile gnostique, on entend Pierre dénier à Marie-Madeleine le droit d’accompagner le Christ au prétexte qu’elle est une femme. Jésus lui répond vertement que toute femme qui se fera mâle aura accès au Royaume. Il ne s’agit pas là d’une affirmation phallocrate qui ferait écho à la misogynie de l’apôtre. C’est un rappel au fait que nous sommes tous appellé·es, femmes et hommes, à développer une masculinité spirituelle, c’est-à-dire la capacité sacrée à nous verticaliser intérieurement.

Jean Gagliardi
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