JILL CARR-HARRIS, activiste canadienne épouse du leader indien Rajagopal

Véronique Cloître

« La non-violence est à l’intérieur de chaque femme et c’est en agissant par ce pouvoir que le monde changera. »

5 Jill Carr Haris

Activiste pour la défense des droits humains et les questions de développement et d’environnement, Jill a travaillé pour le Programme des Nations Unies pour le développement, l’Agence canadienne de développement international, et de nombreuses ONG indiennes. Epouse du leader indien Rajagopal, « le nouveau Gandhi », elle est coordinatrice internationale pour Ekta Parishad et a occupé la même fonction pour Ekta Mahila Manch (branche féminine du mouvement Ekta Parishad).

Jill et Rajaji sont des modèles, chacun dans leurs actions, et ensemble pour un même combat : la défense des droits humains dans le pouvoir de la non-violence. Très respecté en Inde, ce couple d’origines différentes avance ensemble, aux côtés des plus pauvres et des plus démunis. La marche Jan Satyagraha en octobre 2012 est symbole : le couple en tête, toujours souriant malgré la fatigue des longues journées de marche et les responsabilités liées à un tel mouvement populaire, entraîne derrière lui des milliers d’adivasis, les plus pauvres des plus pauvres en Inde, hommes et femmes réunis dans une même marche, pour demander les mêmes droits. C’est à cette occasion que je les ai rencontrés. Malgré les nombreux journalistes présents pour cette fin de journée, Jill s’est approchée
de moi en souriant. Je lui ai expliqué mon projet intimidée dans un anglais pitoyable. Elle m’a prise dans ses bras, m’a serrée contre elle pendant de longues minutes et m’a ensuite regardée profondément en me disant : ’’Tu dois faire ce livre, tu le dois, fais le pour elles’’. Elles me montraient les femmes adivasis à ses côtés. Alors j’ai envie de vous parler de ces femmes en particulier et du mouvement Ekta Mahila Manch qui œuvre pour elles en reprenant quelques phrases de Jill.

Parler de terre en Inde, c’est parler de Dignité


« Le manque de reconnaissance du droit de propriété foncière pour les femmes (elles ne seraient que 10 % à posséder des titres fonciers en Inde et selon la FAO 10% seulement des femmes sur le plan mondial accèdent à la terre) maintient les femmes dans une situation de dépendance économique et renforce également l’absence de pouvoir de négociation au sein des familles. En Inde, les femmes vivent généralement dans un système patriarcal, dans lequel les décisions sont prises par les hommes. Elles sont discriminées car considérées comme faibles et vulnérables, devant être constamment protégées et contrôlées. Ajouté à la pauvreté, les femmes connaissent alors une double oppression.

Au-delà du maintien de leur position « inférieure » au sein de la famille, elles risquent en cas de dissolution de la famille, de perdre la terre qu’elles travaillent, car rares sont celles qui obtiennent un titre foncier. Ainsi, dans les cas de séparation, de divorce, de veuvage de répudiation ou même de simple conflit familial, les femmes se retrouvent dans de nombreux cas sans contrôle de la terre, donc sans ressource, et bien souvent sans protection. Elles se retrouvent contraintes à travailler dans la servitude et victimes de violences. Parler de terre en Inde, ce n’est pas seulement parler d’un lopin de terre mais de subsistance, de vie dans la Dignité.

« Avec un petit lopin de terre, les femmes rurales peuvent aller de l’avant et prendre en charge le développement de leur famille. »

 

Ekta Parishad et l’accès à la terre pour les femmes e5 Jill et Rajagopaln Inde : donner aux populations marginalisées, les moyens de se battre pour leurs droits
Le mouvement pacifiste Ekta Parishad lutte depuis vingt ans pour l’accès à la terre et aux ressources naturelles des plus pauvres, notamment les Adivasis, communauté tribales. Au sein de l’organisation, le programme Ekta Mahila Manch a permis de créer un espace d’expression pour les femmes et de promouvoir le leadership féminin. Le mouvement a également permis de mettre en avant l’importance de la question des droits des femmes à la terre, en particulier la question de l’accès des femmes à des titres fonciers à leur nom. Ekta Mahila Manch mène des actions pour renforcer les capacités des femmes dans différents domaines et pour accroître leur pouvoir au sein des panchayats (conseils des villages). Concrètement, Il s’agit aussi de leur permettre d’acquérir une autonomie notamment par l’organisation de groupes d’entraide dans les villages favorisant l’indépendance économique des femmes : celles-ci mettent en commun de l’argent pour ensuite l’investir ensemble ou accorder un prêt à l’une des membres. Ces actions permettent un véritable processus de développement pour les femmes. En se socialisant dans les groupes d’entraide, tout en développant leurs moyens de subsistances, elles commencent à se percevoir dans un rôle social, plus seulement familial, et à analyser les problèmes dans la société. Elles sont ainsi en mesure d’exprimer leur point de vue sur ce qui, d’après elles, constituerait un développement salutaire pour leur communauté. Elles acquièrent des qualités de leadership qui leur permettent de jouer un rôle social, économique et politique.
Ekta Mahila Manch connaît de belles réussites : plus de 1000 groupes d’entraides ont été créés, 4000 hectares de terres gouvernementales sont cultivés par des femmes, et elles sont de plus en plus nombreuses à obtenir des titres de propriété à leur nom. Il reste cependant du chemin à faire pour réaliser l’un des slogans d’Ekta Mahila Manch ‘’ Nous représentons la moitié du monde, nous devrions posséder la moitié des terres.’’
Ekta Parishad a planifié avec les leaders adivasis des actions de grande ampleur au sujet de la terre et des ressources, qui ont débuté en 2011 et ont été menées jusqu’à la Marche Jan Satyagraha. » (Voir portrait suivant)

Message : « La non-violence est à l’intérieur de chaque femme et c’est par ce pouvoir que le monde changera. »

 

 

 

 


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