Un noble chevalier

Jean Gagliardi

Les hommes en quête de leur masculinité sacrée manquent de figures symboliques signifiantes, de modèles. Notre culture est imprégnée de deux millénaires de christianisme qui a effacé la mémoire de la plupart des anciens mythes, par exemple de Persée qui délivra Andromède ou de Dumuzi, l’époux sacré de la déesse Inanna. La figure du Christ a pris toute la place des héros de l’Antiquité et a concentré les imaginations autour d’un modèle de masculin sacré niant le féminin, le corps, la nature. Cependant, même ce mythe évolue aujourd’hui avec la reconnaissance de Marie-Madeleine comme étant la compagne du Christ, restituant du même coup à ce dernier une sexualité et une relation intime avec la féminité. Ouf!

Mais tout le monde n’a pas vocation à porter, dans la recherche d’une relation sacrée au féminin, la figure du Christ parfois écrasante du poids culturel qui lui est attachée. Il y a heureusement des options, qui tournent souvent autour de l’archétype du chevalier engagé dans une quête du Graal ou dédiant courtoisement son épée à sa dame. Le modèle le plus intéressant pour notre modernité nous vient peut-être du chevalier Gauvain qui fut contraint d’épouser une sorcière pour résoudre l’énigme : Mais que veulent donc les femmes?

La femme de Gauvain se montra hideuse le jour du mariage, et ravissante la nuit, avant de lui offrir de choisir s’il préférait qu’elle soit belle en public ou en privé. Le noble chevalier lui déclara que c’était à elle de décider, ce qui lui valut qu’elle se montre dans sa beauté nuit et jour, illustrant l’idée que ce que les femmes veulent, c’est d’être souveraines dans leur vie. Le masculin spirituel au XXIe siècle pourrait bien demander aux hommes de se mettre au service de cette liberté, de s’inspirer du chevalier Gauvain.

Jean Gagliardi
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