Nous étions cousines. Sans être nécessairement très proches, il y avait entre nous un précieux « je ne sais quoi ». Comme une compréhension mutuelle qui s’était installée depuis longtemps, au-delà des mots. J’étais donc là, silencieuse, à la veiller paisiblement en pensant qu’elle recouvrerait peut-être un peu de sa vitalité. Mais respirer devenait pour elle de plus en plus difficile quand, soudainement, elle s’est agitée.
En présence de l’infirmière qui s’affairait à lui procurer davantage de confort, tout en étant très présente à ce qui se vivait, sa tête dans ma main, je plongeai mon regard dans le sien et la réconfortai. Elle se calma, semblant s’y perdre. Vraiment…? Maintenant…? Une part de moi n’osait y croire. Tout allait si vite. Et pourtant…
Quelques minutes plus tard, elle trépassait dans un moment empreint de douceur, d’amour, de divin. Je lui parlai tendrement et je tins sa main jusqu’à son dernier souffle. À la fois triste et heureux, ce moment fut d’une indicible beauté.
Il est empreint de grâce cet espace sacré où pour un ultime instant, la vie est là, et que dans celui d’après, ne subsiste que la subtile vibration de l’âme. Quand je me replonge dans cette expérience, je peux encore ressentir la présence de son âme qui, venant tout juste de se détacher du corps, me semblait intriguée par son nouvel environnement. Et même – telle une image imprimée sur mon cœur –, j’ai le sentiment de percevoir cette autre dimension où elle s’en est allée. Peut-être avez-vous déjà vécu un tel moment ? N’est-ce pas un privilège ?
« Elle vous a choisie », m’a dit l’infirmière au cœur d’or. Je le pense aussi. Je le crois. Je le sais. Elle m’a fait l’inestimable cadeau de son dernier regard, un cadeau pour la vie. Et dans ce regard, il y avait ce précieux « je ne sais quoi » entre nous.
ROSE ta vie!
Mylène Coulombe
