Sortir de la honte

Camille Sfez

Le mot courage, dit-on, signifie « parler avec son cœur ». Quand parlons-nous avec notre cœur? À quel moment notre parole devient-elle une vérité, et non une publicité pour un livre de développement personnel? « Je me suis plantée, mais ce n’est pas grave, c’était utile. C’est que ce n’était pas le bon moment. C’est à cause de mon égo. Je sais que j’ai tellement appris que je ne referai pas les mêmes erreurs. » Lorsque nos idéaux nous échappent, ces mots pleins de recul sont rassurants, ils nous donnent l’illusion de garder une forme de contrôle, de continuer d’être acteur coute que coute.

Il serait tellement terrible de dire : « Je me suis plantée, et je suis ravagée par cet échec. Une partie de moi sait que ce n’est pas si grave, c’est ce que je dis à mon conjoint. En réalité, je suis sur les genoux, je n’arrive plus à me regarder dans la glace. J’ai l’impression que tout le monde dans la rue sait que je ne suis bonne à rien, que cela fait trois fois que j’essaie d’arrêter de fumer et que je n’y arrive pas. » Remplacer fumer par crier après mes enfants, regarder du porno quotidiennement, tromper mon mari, abuser des médicaments, passer trois heures par jour sur Instagram, courir après une relation stable.

Lorsque nous ne sommes pas à la hauteur de nos attentes, nous nous coupons de nous-mêmes. Nous nous rejetons, comme probablement nous avons été rejetés. Cette trahison vis-à-vis de nous-mêmes se transforme en maltraitance, en rejet, en durcissement intérieur. Les larmes des Madeleine agissent comme un charme contre cette rigidité.

Notre vérité est notre plus grande force, et pourtant nous avons tant appris à nous couper d’elle que nous l’avons perdue. Partons à la recherche de cette vérité, de cette parole vivante qui se donne avec courage. Lorsque les mots sont vivants, reflets de l’intériorité, ils m’animent, me mettent en route, toujours. Même lorsqu’ils disent que je suis bloquée. Ce qui est vivant souffle le vent du changement, car rien n’est jamais figé. Écoutons la pulsation des mots, de leur vérité. Nous en avons soif, le besoin d’entendre une parole vraie est ce qui pousse les femmes à venir dans un cercle.

De tout cœur,

Camille Sfez
Mieux la connaître


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