PUTANNY, Brésilienne Yawanawa

Véronique Cloître

 

PUTANNY: Brésilienne, membre de la nation indigène yawanawa

Terre Indigène du Rio Gregorio, village Nova Esperança

A reçu en 2006, le prix Bertha Lutz attribué par le Sénateur Tiao Viana pour son intensif travail spirituel, en tant que première femme chamane du peuple yawanawa (initiation et formation d’un an avec Tata, autorité spirituelle émérite du peuple Yawanawa).
Co-coordinatrice d4 Putanny (2)u projet des femmes yawanawa « Arts et Connaissances yawanawa »

 

Première femme chamane du peuple Yawanawa

« Dans l’histoire de mon peuple, les femmes ne prenaient pas de position de chef et ne transmettaient pas la spiritualité. C’était une affaire d’hommes, transmise de génération en génération. Avec ma sœur, nous avons effectué des recherches sur l’histoire des yawanawas et la place des femmes, et nous demandions alors à Tata: « Mais où sont les histoires de femmes qui ont fait de grandes choses, on ne se retrouve dans aucun des récits… ? ». Tata nous répondait en souriant : « Il n’y a pas de femmes guérisseuses avec l’autorité spirituelle, c’est ainsi. » Ma grand-mère, qui avait le don de la bonté et de la sagesse se nommait « TsauJhu », ce qui signifie « propriétaire du trône ». Elle était bienveillante avec tous, avec les autres femmes de son mari qui était le chef du village, et tous les membres de la communauté. Tata nous demandait donc de devenir comme elle. Mais avec ma sœur, nous avons compris que nous serions les premières sur le chemin spirituel. Ce message, je l’ai reçu dans mon cœur. Nos études nous ont ouvert des portes auxquelles les femmes n’avaient pas accès et ont éveillé notre curiosité. Notre père, chef du village, avait béni nos études et lorsque Tata nous a transmis les premières paroles sacrées lors de l’initiation avec les plantes, le ciel s’est ouvert pour nous. Mais c’était à nous de travailler notre esprit. C’était très dur de se confronter avec nos pensées, nos peurs, notre corps. Et chaque initiation avec l’inhalation du « Rapè » était éprouvante. Nos corps tremblaient, nous ne pouvions plus respirer. Je croyais mourir. Tata répétait: « Je vous l’avais dit, ces trucs-là, ce n’est pas pour les femmes. » Mais lorsque vous avez la certitude que c’est possible, tout devient possible. Tout a un sens et donc tout est juste. Si je n’étais pas passée par ces épreuves, je ne pourrais affirmer que la spiritualité est le sens de la Vie. Quand tout est facile, on ne donne pas de valeur aux choses. Lorsqu’on souffre, on apprend la valeur. »

4Putanny Mères du mondeJe suis fière d’être Yawanawa et encore plus d’être une femme

 

« Peu importe l’endroit du monde où l’on vit, car nous les femmes, on a une capacité très grande donnée par le Créateur : le courage, qui est notre arme et notre force. On oublie souvent, mais cette force se réveille quand il y a nécessité. Nous avons reçu aussi un don très spécial, celui de donner la vie. On a aussi la délicatesse et un regard spécial et profond sur les choses et la Vie. On agit avec beaucoup de soins et on ne fuit pas. Nous devons sentir beaucoup de gratitude envers le Créateur et remercier pour le fait d’être venues sur terre. De nombreuses fois, on pense que nous ne sommes rien alors qu’IL nous a conçues avec beaucoup de perfection.

Nous, femmes, nous devons nous aimer. Si on ne s’aime pas, si on ne se respecte pas, on ne peut aimer les autres. Il faut être Un avec soi-même, tout doit naître de nous, s’inspirer de nous. Si on ne fait pas ce travail, jamais on ne se connaîtra. Si on cherche où est la sagesse, ce n’est pas dans un diplôme, un trophée, un monument que nous trouverons, mais en nous-mêmes. Le mystère et l’enchantement, c’est nous-mêmes ».

Si les femmes qui lisent ceci prennent un tout petit peu de ce que je dis, c’est un bon début …

 

4 PutannySon rêve : Putanny a fait le rêve d’un cercle sacré de médecine dans le village de son peuple. Elle a visualisé une rencontre de femmes, leaders spirituels, originaires de l’Amazonie afin d’ouvrir le chemin pour les personnes qui ont besoin de guérison spirituelle. « Nous étions réunies afin de recevoir l’illumination spirituelle pour nous-mêmes. Nous nous purifions dans les énergies de toutes et nous complétions dans nos besoins et nos recherches. Lorsque nous serons 100% dans le cœur et la pensée, nettoyées, retirées de la matière, la Lumière pourra sortir de nous. Et toutes les lumières s’uniront dans une même direction. Nous deviendrons alors une seule et même Lumière qui sera dirigée par le Divin vers la Terre et la traversera. C’est le pouvoir de l’Amour. C’est sur ce chemin que chacun va se manifester, recevoir son don et s’unifier. »

Véronique Cloître: J’ai alors parlé à Putanny de Lise Côté et ce qu’elle écrit à propos des treize lieux sur la planète choisis pour l’ensemencement du Féminin sacré, qui accueillent chacun en leur matrice un messager initié qui vibre à sa nature féminine divine et œuvre à stimuler et à enraciner cette énergie sacrée au corps de la terre (Féminin Sacré actualisé p.117). Le Brésil est l’un de ces lieux et le cœur de l’Amazonie l’un des poumons de notre planète. Putanny m’apparaissait alors l’une de ces messagères. Avec émotion et joie, elle a accueilli mes mots.

Message pour les femmes :

Nous les femmes, nous ne voulons pas être meilleures que les hommes, mais nous avons quelque chose de spécial qui fait que nous sommes sensibles et qui nous donne un regard profond sur les choses. Ce qui nous amène à œuvrer avec grand soin ».

Message pour l’humanité:

La réponse pour tout ce qui est en train d’arriver est d’une grande simplicité : la nature et nous, nous et la nature. La réponse est dans cette spiritualité. Au travers de notre chemin, nous allons pouvoir semer des graines de beaucoup de sagesse pour que dans le futur, cela n’arrive plus.

 

 


2 thoughts on “PUTANNY, Brésilienne Yawanawa

  1. Bonjour, je découvre votre magazine aujourd’hui et je suis très heureuse de ce partage que vous nous faîtes avec toutes ces femmes du monde entier. Je suis un chemin depuis peu vers plus de spiritualité et plus d’harmonie dans ma vie concrètement, sur la voie toltèque. Je trouve toutefois que je me sens reliée à toutes et à tous car nous venons tous de la même Source de Vie, quelle que soit les confessions religieuses ou non, les courants philosophiques ou non.
    Un grand merci.
    Nelly

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