Nous sommes nus comme un ciel étoilé

Il me faut t’écrire. J’ai besoin de te le dire. Je ne tiens pas en place. Je saisis le cahier. Je me jette à l’ouvrage. Je veux voir la beauté. Je veux la saisir et ne rien oublier, de son plaisir au mien, laisser rejaillir la multiplicité des désirs.

Ne pas en découdre. Laisser rebondir et sentir au creux de soi, au creux de mes reins, cette force-créativité qui crie son nom sur le papier dans le désir réalisé, sans forcer, sans retenir, en laissant s’abandonner ce qui doit couler, pour ne pas y retourner, en arrière.

En arrière, au passé qui rattrape et veut faire basculer dans le retrait, le temps d’avant, l’habitude prélassée dont on ne veut plus mais qui pourrait bien encore s’agripper à nos jupes, traînant sa paresse dans les plis mordorés du vieux tissu d’antan, trop repassé, trop entendu.

Sa mélodie ne nous berce plus. Nous n’en voulons plus. Nous voulons danser sur ce nouveau son que l’on peine encore à entendre à chaque instant parce que l’on y met de la volonté, par habitude.

Par habitude oui, nous voudrions utiliser le même procédé, le même chemin qui amène à la réalité, mais le Réel se fait tout autre. Il nous invite et ouvre une porte qu’il nous suffit d’emprunter. Seulement, les yeux rendus bigleux par tant de nouveauté, nous cherchons partout la serrure, le levier, l’ouverture à enclencher.

Tout est ouvert mais nous sommes encore un peu fermés par nos vieux gestes, nos vieux plis qu’il nous faut regarder sous un autre angle, celui qui englobe tout, même ce qui nous aveugle encore ou nous empêche de sentir cet être nouveau et éveillé que nous sommes, que nous avons toujours été, sous le voile des illusions caressées.

Aujourd’hui nous embarquons. Nous prenons un navire qui nous tire en des flots que nous ne connaissons. Nous évoluons sur des partitions que nous ne savons pas lire mais que nous savons, que nous sentons si nous acceptons de ne pas tressaillir à cette étrange alliance à la vie qui se fait avec nous ou sans nous, c’est pareil.

Le voyage se fait et nous y allons. Nous en sommes, que nous le sachions ou non. Parfois cela change la donne, parfois non. Nous ne pouvons plus rien prétendre, ni même cacher. Nous sommes nus comme un ciel étoilé. Nous sommes nus comme cela est en soi.

Nous avançons sans savoir et nous sentons désormais que cela est la nouvelle vision, large et épanouie, de tous les côtés et jusqu’au fond, cent dimensions rassemblées en un point qui s’allume, brille et indique à chacun la direction, le moyen et la lutte qui n’est plus. En offrant au monde sa lumière, nous rallumons la terre ensemble et elle accouche d’elle-même par chacune de nos naissances dévoilées.

J’aime cela, je remercie et je m’incline.

Sa*Ra
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