Nathalie Latour, intervenante au CALACS (Québec)

Véronique Cloître

Pour l’équipe du CALACS Coup de coeur, le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, il est nécessaire de guérir ensemble de cette violence sexuelle faite aux femmes.

Nathalie témoigne : « Depuis toujours, les femmes à travers le monde subissent la violence, de la plus subtile à la plus agressive. Qu’elle se produise une seule fois ou qu’elle soit répétée jour après jour, qu’elle soit faite de mots, de touchers non désirés, de coups, de regards ou perpétrée avec une arme, cette violence gratuite, inadmissible, incompréhensible, répugnante laisse des traces profondes dans la vie des femmes qui l’ont subie, chez celles qui en ont été témoins et chez toutes les autres qui craignent d’en être victimes un jour.

Dans l’histoire de l’humanité, on a trop longtemps relégué la femme à un statut inférieur, notamment concernant ses droits, ses opinions et sa dignité. L’agression sexuelle comme acte de violence représente une forme de contrôle social qui maintient les femmes dans la peur et dans des rapports de forces inégaux. Cette violence s’imprègne dans le corps, l’âme, le coeur et peut contaminer toutes les sphères de la vie. Quand une victime dit avoir subi une agression sexuelle, la société lui renvoie trop souvent l’image de celle qui en est responsable ou qui invente. La victime devient alors une coupable privée de sa voix pour briser le silence, dénoncer et être entendue. C’est alors un deuxième coup qui lui est infligé, porté par une société qui juge les victimes, tolère la violence, endosse les préjugés et doute de la véracité de leurs confidences.

Heureusement, être femme est synonyme de courage, de détermination, de solidarité et de capacité à se remettre debout. Pour moi, être témoin de cette violence dans le monde, dans mon pays, dans ma ville et dans mon entourage a fait jaillir de la colère, de l’impuissance et un désir très grand de m’impliquer pour apporter un changement et sauver des vies. Je tire ma motivation à travailler dans un CALACS de la détermination à faire valoir notre statut d’être humain à part entière. C’est donc plus qu’un travail pour moi : cela devient une mission qui se transpose dans toutes les sphères de ma vie de femme.

Au CALACS Coup de Coeur, nous accueillons les femmes avec leurs réalités, leurs souffrances, leurs émotions et leur dignité. Nous accompagnons les jeunes filles et les femmes sur le chemin de leur guérison. Les accompagner, c’est les aider à trouver la lumière pour y voir plus clair, c’est leur offrir une présence rassurante, leur transmettre l’espoir de la guérison et représenter la parole des femmes qui ont connu le même sort pour ainsi normaliser leurs sentiments. Au CALACS, elles ne sont pas seules, elles ne sont plus seules. La guérison est un long périple qui se fait graduellement, par étape, au rythme de la personne.

Pour accompagner les femmes vers leurs objectifs personnels et non pas les diriger, il est essentiel de faire confiance à ce potentiel si grand qui est blotti au creux de chaque être humain et qui donne la force de se relever, de croire en soi et de se soigner. Au CALACS, nous accompagnons les femmes dans une démarche individuelle ou de groupe. Accompagner les femmes au coeur de leur souffrance, c’est côtoyer la mort, l’horreur, la laideur de l’humanité responsable de tels drames, la colère rageuse, l’incompréhension, la peine, la peur. Accueillir la souffrance des femmes demande à la fois de la sensibilité et de la solidité. »

Accompagner les femmes au coeur de leurs souffrances, c’est aussi et surtout côtoyer la vie, le courage, la beauté, la colère bienheureuse, la détermination, la résilience, la pureté de l’âme et la force de la solidarité.

Extrait du livre de Véronique Cloitre Femmes du Monde, Mères du Nouveau Monde, Ed. Dangles

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