Entrer dans la nuit

Camille Sfez

Nous y sommes. L’obscurité bat son plein et nous propose sa plus belle invitation : descendre dans nos profondeurs. Comment se préparer à accueillir un nouveau Soleil, celui du solstice, l’an neuf et avec lui la prochaine décennie? Nous sommes-nous assez dépouillées pour leur faire de la place? Dans les cercles de femmes, cette nuit nous enveloppe de l’accueil de chacune jusqu’aux derniers mots et nous plonge ainsi dans une écoute particulière.

Cet obscur extérieur nous rappelle de laisser pénétrer celui de l’intérieur, les parts de nous qui nous font peur, douter, celles que l’on tente de toutes nos forces parfois de rejeter au loin, mais qui reviennent, tel le ressac, toujours là, à chaque souffle. Cette culpabilité de ne pas avoir prêté assez d’attention à mes enfants, cette honte de ne pas avoir dit non, cette peur de me retrouver seule si je cesse de laisser tant de place à l’autre, ce cœur dur qui ne veut pas pardonner.

Laissons cette obscurité remonter à la surface, nous avons besoin de nous y lover quelques instants. Non pas par complaisance, mais parce qu’elle fait partie de nous, demande à être reconnue. L’accueillir en cercle a quelque chose de réconfortant, car la consolation ne vient qu’à celles et ceux qui sont seuls, et se montrer dans sa solitude face aux autres permet aux larmes de panser les blessures. Alors seulement, nous sommes prêtes, lavées, disponibles pour que l’an nouveau fasse jaillir dans nos cœurs le brasier d’amour qui s’y loge et attend d’être réveillé. La joie de sentir ce Soleil phénix nous fera entrer dans l’éternel renouveau de la plus belle des manières.

Beau passage à toutes, à tous!

Camille Sfez
Mieux la connaître


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