Elodie Vincent – France

Véronique Cloître

En France, Octobre Rose est un événement dédié aux femmes souffrant de cancer du sein. À cette occasion, Elodie Vincent, une sexologue accompagnant les patientes en cancérologie, a pris la décision de se faire raser la tête par solidarité et pour ressentir ce que vivent les personnes qui perdent leurs cheveux (association Solid’Hair : dons de cheveux pour confectionner des perruques). Pour elle, c’est rendre un véritable hommage à toutes les femmes qui se battent contre la maladie. Ce jour là, je l’ai photographiée dans sa beauté mise à nue et déployée dans ce qu’elle a de plus essentiel.  

« Dans ma vie personnelle, j’ai été confrontée à beaucoup de personnes en souffrance. Toute petite, je me souviens de ma grand-mère hospitalisée à qui je rendais visite. J’ai aussi vu beaucoup de malades en chimio et cela a bousculé en moi l’image du corps. C’est sans doute ce qui m’a amenée à m’intéresser à la dimension psychologique, à tenter de décrypter ce monde que j’ai toujours trouvé si hostile, avant de prendre la peine d’en analyser les mécanismes.

Je me pose cette question : a-t-on le droit de changer d’image dans notre société ? Un des objectifs de mon projet est de mettre en lumière les luttes actives au quotidien dont font part tant les patientes que les acteurs médicaux, les aidants et les associations. Mon but est également de dénoncer ce qui est ancré dans l’inconscient collectif : une femme, c’est joli et ça doit le rester ! En me faisant raser la tête, je pense poser un acte fort afin de libérer les consciences de l’image du corps, de manière symbolique. Dans le cas où une modification physique radicale a lieu sans que nous et notre entourage ayons pu nous préparer, le ressenti et l’acceptation de soi renvoient aux peurs les plus profondes, notamment les blessures de rejet et d’abandon. Avec cette nouvelle image de moi, je vais chercher une réaction qui oblige l’autre à me regarder dans les yeux afin d’aller plus loin… Dans notre société, nous n’avons pas de rites de passage. J’ai voulu créer le mien, me connecter à ma puissance et me détacher ainsi de l’enfance.

J’associe aussi cet acte à l’énergie du Féminin Sacré qui permet de créer la reliance au niveau du corps par rapport à ce que l’on ressent et qui relève du sacré. C’est ce que l’on veut mettre en place en soi, avec soi, en conscience, sans se renier. Le Féminin sacré, c’est aussi se reconnaître en tant que femme dans le regard des autres femmes.

Aujourd’hui, je ne me considère pas moins femme, sans cheveux, mais c’est dans le regard des autres que je vais expérimenter ma féminité.

Message : Nous ne pouvons pas vivre seules et nous devons être sans cesse connectées à Mère Nature et aux autres femmes. Si on s’éveille, on le sent. Je ne suis pas maman mais les femmes qui me font aller vers mon Féminin sacré sont des mamans, mes mamans. À mon tour, je me donne cet objectif : être un miroir du Féminin sacré pour les autres, car c’est bien au-delà de soi que cela s’expérimente.

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