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Il nous est tous arrivé de dire quelque chose d’apparemment anodin et de provoquer chez son partenaire une réaction totalement disproportionnée…
J’appelle ça tomber sur une mine. Enfouie sous la surface, elle attend patiemment son heure… Pour moi une mine est une émotion qui n’est pas exprimée (pleinement vécue) lorsqu’elle se présente. Dès lors, la seule solution est de la mettre en boîte, de l’enfouir en soi, de remettre à plus tard.
En tant qu’homme-comme-il-se-doit, en tant qu’homme auquel on a répété maintes et maintes fois qu’il fallait être fort et ne pas pleurer, j’ai accumulé comme beaucoup de nombreuses mines dans mes cartons de voyage…
Lorsqu’on se dénude (homme ou femme), tôt ou tard, les mines sont découvertes. C’est inévitable et sain, car leur mise à nu permet de la désamorcer, de s’en libérer enfin. Bien sûr, lorsque ça nous arrive, notre premier réflexe est souvent de tenter de réenfouir le tout. Évidemment, les émotions refoulées sont souvent de celles qu’on préfère ne pas ressentir (colère, douleur)… et la tentation est grande de remettre le couvercle sur la marmite. Pourtant, vous le savez, tôt ou tard la pression devient insoutenable et peut provoquer des explosions très très dévastatrices.
Avec de la présence on arrive à voir, à sentir quand une mine se présente. L’émotion nous étreint, nous sort de l’instant présent pour nous replonger dans le passé. À cet instant précis, la chose à faire est simplement de prévenir son partenaire de la situation et de trouver (seul ou ensemble) une façon saine de vivre cette émotion (sans blesser personne)… de la laisser sortir enfin de soi.
Dès lors, toute l’énergie qui était utilisée pour maintenir solidement le couvercle sur la marmite redevient disponible pour vous permettre d’avancer un peu plus loin… jusqu’à la prochaine mine… jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus.
Cette étape de déminage de la relation est à mon avis inévitable. Le plus tôt vous comprenez le processus de libération, et travaillez avec, le plus tôt vous atteignez cette délicieuse nudité… si belle à partager.
Jean-Philippe Ruette
Au-delà des écrans
