Darshan : une vision du divin

Je pense à Amma, cette femme qui incarne la Mère, son amour inconditionnel, pas simplement en Inde. Je pense à ce qu’elle fait, chaque jour, à travers le monde : en prenant les gens dans ses bras, en toute simplicité, elle leur offre un darshan, littéralement une « vision du divin ». Par sa présence et ses bras ouverts, elle permet aux pèlerins qui viennent à sa rencontre de contacter cet amour infini qui provient de la Source.

Je pense à elle lorsque je suis dans un cercle de femmes, lorsque chacune ose plonger dans sa vérité, la dire en présence des autres et se montrer vulnérable. Il se produit alors une magie qui nous enveloppe toutes. Dans cette brèche créée par le fait de partager sa honte, le masque se fissure. Tout ce que j’ai mis beaucoup d’énergie à cacher, à apaiser se montre en toute nudité. Alors, les autres peuvent me voir telle que je suis et, surtout, elles peuvent plonger dans mes yeux avec le même regard que celui qu’elles avaient pour elles-mêmes quelques minutes avant. Pour être plus juste, quand les apparences ne sont plus tenues, qu’elles tombent avec les jugements, ne reste que cette immense compassion pour le parcours ou les blessures de l’autre. Le sentiment familier de faire partie de la même humanité est d’une grande puissance.

Cette compassion partagée ressemble à une expérience de darshan. Elle est palpable, chacune la sent dans son corps et sait qu’elle laisse place à quelque chose de plus grand. Elle « livre passage », comme le dit Christiane Singer, la source de vie prend la place de nos petits égos. Notre pleine présence n’est plus que cette vibration d’amour, la shakti qui porte le monde. S’ouvre alors l’éternité.

Camille Sfez
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