Cercle de femmes et intégration

Véronique Cloître

Elles sont syriennes, bangladaises, algériennes, albanaises et suivent une formation pour apprendre le français, après avoir fui la guerre ou l’extrême pauvreté. S’intégrer, parler, c’est difficile. Elles ne sont pas toujours soutenues par leurs maris qui redoutent qu’en suivant les cours, elles deviennent trop autonomes. Une journée de partage entre femmes leur a été proposée.

C’est A. qui, la première, prend le bâton de parole. Elle parle de sa vie et son mariage arrangé, mais se projette avec force : Il faut être autonome et libre. La femme ne doit pas écouter les autres, mais seulement son cœur et son courage.

Je demande si au sein du groupe certaines ont subi un mariage forcé ou arrangé. D. lève la main. Elle pleure beaucoup. Mon mariage a été organisé par ma famille lorsque j’avais quatre ans, nous dit-elle. Je me suis mariée à quatorze ans avec un homme beaucoup plus âgé. Aujourd’hui, j’ai vingt-deux ans. Je veux dire aux parents d’arrêter de marier des filles-enfants, car c’est grave. Les hommes sont plus forts. Un homme parle à sa femme comme à une enfant, et sa femme écoute parce que c’est une enfant, et elle pense qu’il a raison. La femme doit aller à l’école et comprendre les choses et la vie.

K. ajoute : Il est important pour les femmes d’être respectées. Il faut que ça bouge! Je dois élever mes enfants seule. On ne peut compter sur les hommes. Le mien est en Algérie. Je ne le vois pas. Est-il marié à une autre? Elle n’en parle pas.

Z. est restée silencieuse à observer ou regarder dans le vide. Finalement, elle prend la parole : Nous, les femmes, devons montrer l’exemple et aimer tout le monde sans distinction de religions ou d’origines. Nous sommes la Vie, mais les hommes ne le comprennent pas. Nous offrons notre sourire malgré notre tristesse.

V. enchaîne : Je veux que toutes les femmes du monde soient fortes, car cela va changer nos vies. Elle parle alors de sa situation, de son exil…

Puis nous dansons, elles se font des massages afin d’accueillir la main de l’autre, leur corps…

Le soir, les yeux brillants, elles clôturent satisfaites, contentes de cette journée.

Véronique Cloître
Mieux la connaître

 


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